Que faire de toute cette expérience et de tous ces clients fidèles qui sont le fruit du parcours professionnel de la plupart des notaires? Comment commencer une carrière sans tomber dans un modèle d’affaires qui favorise « le prix le plus bas », faute de clients? Comment optimiser une pratique qui stagne après quelques années?
Solution : transfert de greffes, de clientèles et d’expertises – place à la relève!
Nous sommes toujours surpris de voir des entreprises notariales florissantes ou autrefois prospères fermer leurs portes à l’heure venue de la retraite de leur propriétaire. C’est consternant de laisser tant de valeur derrière soi. Pourtant, ces études auraient potentiellement pu trouver preneurs si leur dirigeant avait mis en place une stratégie appropriée de relève entrepreneuriale. Le notaire aurait pu se retirer sachant que ses clients sont entre de bonnes mains et en récoltant un juste retour financier pour ses années d’efforts professionnels.
Du côté du repreneur, un achat bien planifié et un transfert en douceur de la clientèle, de l’expertise du cédant et de la direction de l’entreprise auraient pu constituer des tremplins vers une pratique fructueuse, tout en lui offrant la possibilité de relancer une entreprise souvent en quête d’optimisation.
S’y prendre à l’avance et être patient.
À notre avis, un bon plan de relève doit se préparer sur un horizon de 5 à 10 ans. L’impatience d’un repreneur ambitieux et trop pressé peut s’avérer une stratégie vouée à l’échec. Comme on dit souvent : rien ne sert de courir, il faut partir à point. Reprendre la pratique d’un notaire qui envisage sa retraite pose plusieurs défis que l’on ne peut ignorer :
- Concilier la vision de la relève avec celle du notaire cédant;
- Planifier le transfert de la direction de l’entreprise;
- Planifier le transfert de propriété, fixer le prix, les conditions et les modalités de paiement.
Comment réussir?
- Ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier – prévoir plus d’un scénario – faire preuve d’ouverture;
- Il n’y a pas que le prix qui compte – les modalités de paiement et certaines clauses d’ajustements ou même d’escomptes sont souvent des voies de passage pour sécuriser les deux parties;
- Le respect des valeurs et des générations – la fougue de la jeunesse et l’expérience du sage peuvent faire bon ménage si elles sont bien accueillies et considérées comme des atouts dont il faut profiter;
- Il ne suffit pas de transférer la clientèle – le transfert de la direction, la manière de faire et l’expertise sont aussi importants pour la bonne continuité des affaires;
- Prévoir l’avant, le transfert et l’après – c’est-à-dire, se permettre une période d’échange, officialiser le transfert et s’assurer d’une saine collaboration après-vente.
Un peu de stratégie, une bonne planification, quelques scénarios et beaucoup de bonne foi s’avèrent des ingrédients d’une recette gagnante, tant pour celui qui part que pour celui qui reprend.
Place à la relève et à … d’heureux retraités!
Par Me Louis Vincent et Mme Caroline Plante.
Cet article a été produit dans le cadre de la formation portant sur le Cycle de vie notariale offerte par l’APNQ. Ces formations de l’APNQ sont appuyées financièrement par le Fonds d’études notariales.